mercredi 27 août 2014

Lille tombe de haut



Après un match aller à domicile où la volonté de tenir le 0-0 était manifeste en essayant de bloquer les couloirs et de rester groupé, Lille s'est fait prendre à son propre jeu et s'est retrouvé dans une situation très compliquée à l’orée de ce match retour au stade du Dragon. Certains pourraient évoquer l'occasion de Corchia juste avant la mi-temps, et je leur répondrais simplement que celui qui voulait le plus attaquer, déséquilibrer l'autre, bref, marquer, est celui qui a remporté ce match.
Toujours est-il que, malgré cette défaite, Lille "ne voulait pas avoir de regrets" comme le confiait son président Michel Seydoux sur Rmc tandis que les propos de René Girard incitait presque à l'optimisme : "On va tout faire pour passer, on donnera le maximum et si on peut faire douter cette équipe on ne va pas se gêner".

Une nécessité semblait alors s'imposer naturellement vu le résultat du match aller : il fallait marquer à Porto pour avoir une chance de se qualifier. Dès la composition d'équipe, on se rend compte que le discours d'avant match ne se traduit pas sur le terrain avec seulement deux joueurs offensifs, Nolan Roux en pointe, Divock Origi sur le côté gauche et... Sébastien Corchia à droite. Un latéral de formation, technique et qui sait centrer, autant de qualités offensives qui ne courent pas les rues en Ligue 1. On a vite compris que l'équipe de René Girard était encore venu pour défendre et attendrait un contre pour essayer de marquer, quitte à laisser le jeu aux portugais. Évidemment, chez eux, ils se sont montré très à l'aise, et poussés par leur public, leur envie d'aller de l'avant s'est traduite par une domination impressionnante (surtout en première mi-temps, la deuxième étant plus contrôlée). Lille courait après le ballon pendant que les joueurs du Fc Porto cherchait à asseoir leur emprise sur le jeu, en attaquant sans prendre trop de risques. L'impression de maturité que dégageait cette équipe hier soir face au dernier troisième de Ligue 1 m'a interrogé. C'était presque comme si elle avait plus d'expérience.

Dès lors, je me suis intéressé au nombre de matchs européens et au nombre de matchs professionnels joués par les joueurs des deux équipes, en me limitant aux titulaires. Le résultat est étonnant. Le onze du Losc hier comptabilise au total 1600 matchs professionnels de première division et 199 matchs de compétition européenne. Celui du FC Porto, 876 matchs professionnels (dont 374 en Amérique du sud) et 118 matchs de compétition européenne. Presque du simple au double. Comment expliquer ce déficit technique, ce manque d'allant, cette totale absence d'imagination ou d'intelligence de jeu? Le budget peut-être? Le Fc Porto pour cette saison 2014 table sur un budget de 90 millions d'euros pendant que le Losc atteint lui 75 millions d'euros. 15 millions d'euros, c'est le prix dépensé pour s'attacher les services de Marvin Martin (salaire compris). Cherchez l'erreur.

Exemple tout trouvé pour mettre en lumière cette différence, Yacine Brahimi. Formé au Stade Rennais, il joue son premier match en Ligue 1 en 2010 et on sent chez lui une technique au dessus de la moyenne, il joue vite et bien et fait partie de ces footballeurs de petite taille qui allie technique et rapidité. Deux saisons en Bretagne où il doit composer avec les blessures, où il alterne le bon et le moins bon et le voilà transféré à Grenade, club de bas de tableau en Liga. Auteur d'une dernière grosse saison en Espagne avec notamment un match plein et une victoire face au FC Barcelone, désigné meilleur dribbleur avec 4,7 dribbles réussis par match devant les attaquants Lionel Messi (4,6) et Neymar (3), il est finalement transféré au Fc Porto pour 6,5 millions d'euros pendant ce mercato d'été. Hier soir il a littéralement crevé l'écran, après une très bonne coupe du monde avec l'Algérie. Interrogé il y a peu sur son parcours, son discours était très clair : "Je me sens vraiment bien dans ce championnat. C'est le championnat qui me convient le plus, le jeu est basé sur la technique, les équipes jouent vers l'avant". On peut implicitement comprendre que la ligue 1 serait un championnat physique où la volonté de ne pas prendre de buts l'emporte sur le reste. René Girard et le Losc ont, sur ces deux confrontations, malheureusement confirmé cette hypothèse. 

Espérons simplement que la vague de nouveaux coachs qui arrive en France cette saison entraîne un nouveau discours et un changement des mentalités!

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