dimanche 17 août 2014

"J'ai pas touchéééé"



C'est un évènement bien rare auquel nous venons d'assister dans le football professionnel. L'agression de Brandao sur Thiago Motta ce samedi après midi dans les couloirs du Parc des Princes relève beaucoup plus du fait divers que du phénomène. On trouve une trace de pareil incidents en Avril 2000, avec l'agression de Marcelo Gallardo dans les couloirs du Vélodrome par des membres de la sécurité, des dirigeants et Christophe Galtier, qui assumera seul et prendra six mois de suspension. À noter que cette fois ci, il n'y avait pas eu d'images, les caméras étant restées mystérieusement éteintes. Plus récemment c'est Gabriel Chichero, défenseur lensois qui assena un coup de pied à un dirigeant bastiais lui cassant le nez dans les travées de Furiani. Il écopera de dix mois de suspension dont cinq d'interdiction de stade. Enfin, dans une moindre mesure, la bousculade de Leonardo sur Alexandre Castro lui a valu un an de suspension.

Condamné de toute part, la vague de réactions visant littéralement à faire disparaître du paysage footballistique ce très cher Evanilson me semble légèrement disproportionnée. Soit, son geste est impardonnable, dénué de raison et mérite une lourde sanction. Mais de là à souhaiter comme Pierre Ménès qu'on se "débarrasse de lui" et à le considérer comme "un bourrin, un voyou [...] un fléau du foot", il y a un pas que je n'oserais franchir, tandis que la volonté du président du Paris Saint Germain de le voir être "suspendu à vie" ressemble plus à une mission de communication qu'à autre chose. 

Nous vivons à une époque où le moindre acte de violence est perçu comme un réel danger, une menace à la bonne tenue du sport. Et pourtant, comme rappelé au début de l'article, ce ne sont que des évènements très rares, régis par un seul homme qui décide d'agir en son âme et conscience et de se faire justice lui même. Rappelez vous son interview au micro de Canal + à la mi-temps où on le sentait déjà désabusé, se sentant victime de l'arbitrage, hué à chaque ballon. Brandao a simplement craqué face à la pression et a répondu de la plus mauvaises des manières aux provocations. Ca ne vous rappelle rien? Un soir de finale de coupe du monde en 2006... Il me semble bien qu'une statue a été dressé devant le centre Georges Pompidou mettant en scène le fameux "coup de boule" de Zidane sur Materrazi. Je me souviens aussi du traitement de L'Equipe du cas Cantona après son coup de pied sur le supporter anglais de Crystal Palace. Assimilé à Don Quichotte, il est presque érigé en héros et le journaliste de l'époque se demande "Comment ne pas aimer Cantona ? Comment ne pas aimer sa différence, sa capacité à surprendre. On le croit footballeur et hop, le voilà Karatéka." C'était le 27 Janvier 1995. Une autre époque me direz-vous.

Quoiqu'il en soit, la décision revient à la commission de discipline de la Ligue de Football Professionnel et au Sporting Club de Bastia, qui pourrait bien décider de licencier son joueur qui risque d'être suspendu au moins un an. Et à 34 ans, autant dire qu'on ne reverra sûrement pas ce cher Brandao dans le championnat de France.


2 commentaires:

  1. Je n'aime pas l'idee d'une sanction sportive. Cela ne concerne ni le terrain, ni le match..comme dirai un celebre commissaire :laissez faire la justice faire son travail...

    Au final ne devrait-on pas sanctionner (aussi) les medias diffusant et rediffusant ces images que personne ne veut vraiment voir?
    Ce ne sont pas eux qui vehiculent ces informations? :-) mettez en plus autour du terrain et moins dans les couloirs! ;)

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  2. Olivier Renaudie23 août 2014 à 22:08

    Je crois que le rédacteur en chef adjoint de l'Equipe s'est fortement inspiré de l'auteur de ce blog pour rédiger son édito paru dans l'Equipe Magazine d'aujourd'hui !

    Sur ce coup là, comme souvent, les médias se révèlent en effet des pompiers pyromanes...

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